"Une énorme crise", Romain Schneider au sujet de l'épidémie de la bactérie EHEC

Le Jeudi: Aujourd'hui, pouvez-vous conseiller aux consommateurs de manger l'ensemble des produits maraîchers?

Romain Schneider: L'Allemagne préconise d'éviter trois ou quatre produits venant d'Allemagne. Sinon, on peut manger de tout, mais à condition de respecter les strictes conditions d'hygiène.

Le Jeudi: L'épidémie actuelle représente-t-elle véritablement une crise alimentaire, au même titre que les précédentes (vache folle...)?

Romain Schneider: II s'agit effectivement d'une énorme crise alimentaire. Certes, il y a une perte économique énorme pour les producteurs. Mais le consommateur est véritablement en danger. Et il est impossible de dire pour combien de temps, même si l'Allemagne dit mener toutes les recherches indispensables. C'est, pour reprendre l'expression de la ministre allemande, rechercher une aiguille dans une botte de foin. La Commission met aussi ses moyens à disposition.

Le Jeudi: Il y a de nouveau une crise de confiance du consommateur?

Romain Schneider: Une fois le problème actuel résolu, il s'agira d'assurer la promotion de la consommation des fruits et légumes, ceci au niveau européen. Et ce ne sera pas facile. Ceci dit, le Luxembourg, pour le moment, n'est pas atteint par la crise. Il ne produit que 1% des légumes qu'il consomme.

Le Jeudi: Y a-t-il eu des fautes politiques?

Romain Schneider: Il faudra tirer les conclusions de la crise. Le système d'alerte sera sans doute à revoir. Quoi qu'il en soit, il s'agira certainement de mettre en place, dans le système d'alerte, d'autres filets de sécurité.

Le Jeudi: Vous comprenez la colère espagnole?

Romain Schneider: Oui, je comprends très bien. L'Espagne a été montrée du doigt. On ne saura que plus tard si c'est sans raison. Mercredi dernier, la Commission européenne a proposé de débloquer 210 millions d'euros pour compenser, très partiellement, les pertes de la production maraîchère. Soit quelque 30% de la valeur des invendus. Ce, alors que, selon les syndicats européens, le secteur déplore des pertes de 417 millions d'euros par semaine, dont près de la moitié en Espagne, près du quart en Italie. Et une trentaine de millions en Allemagne. Le bilan des victimes de la bactérie E. coli atteignait 25 décès le 8 juin, dont 24 en Allemagne. Les graines germées, soupçonnées après les concombres, ont finalement été mises hors de cause par les analyses, la source de l'infection restant inconnue. La Commission a pour sa part prévenu contre les conclusions hâtives et appelé à renforcer les recherches. Le ministre de la Santé, Mars Di Bartolomeo, au conseil santé de l'Union européenne, s'est pour sa part satisfait d'une réaction rapide, notant que la "santé doit primer sur les intérêts économiques". Au niveau national, il a annoncé le renforcement du contrôle des denrées et invité aux précautions d'usage: lavage, épluchage et cuisson.

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