Interview de Romain Schneider dans Le Quotidien

"La vitrine de l'agriculture"

Interview: Le Quotidien (Claude Damiani)

Le Quotidien: Que représente cette foire agricole annuelle d'Ettelbruck pour le ministre de l'Agriculture que vous êtes? 

Romain Schneider: La foire agricole d'Ettelbruck est véritablement la vitrine de l'agriculture luxembourgeoise mais aussi de la Grande Région. En effet, il s'agit de la plus grande foire de ce genre qui se tient en plein air. Je considère cet événement comme l'un des piliers pour montrer l'agriculture aux citoyens dans toutes ses composantes -la production, les méthodes utilisées dans le processus de production -mais aussi pour mettre en avant des visions, c'est-à-dire informer sur l'agriculture de demain. De manière générale, la FAE permet de s'informer et de comprendre comment l'on passe de la fourche à la fourchette. 

Le Quotidien: S'agit-il également d'une occasion parfaite pour promouvoir les produits du terroir luxembourgeois? 

Romain Schneider: Exactement! Et de ce fait, je trouve que c'est une très bonne chose que sur place, lors de la FAE, il y ait surtout une consommation des produits du terroir quels qu'ils soient: vins, crémants, viande, pommes de terre et bien d'autres produits encore. La foire agricole constitue vraiment l'occasion de montrer aux visiteurs ce qu'on produit au niveau national. 

Le Quotidien: L'État donne un coup de pouce financier à l'organisation de cette foire agricole. 

Romain Schneider: En effet, le ministère de l'Agriculture a proposé d'intégrer dans le budget de l'État une augmentation pour la Ville d'Ettelbruck en ce qui concerne l'organisation. Il y a maintenant une augmentation substantielle allant jusqu'à 100 000 euros (60 000 euros auparavant). 

Le Quotidien: Plus généralement, le pays connaît actuellement une période de sécheresse. Quels sont les échos qui remontent du terrain jusqu'au ministère? Les agriculteurs sont-ils inquiets? 

Romain Schneider: La sécheresse ne date que de quelques jours. Évidemment, si cette période devait se prolonger, il en découlerait des conséquences négatives, auxquelles nous avons déjà dû faire face au cours des années précédentes. Cette problématique fait partie intégrante de la vie de tout agriculteur. À un moment donné, il peut arriver qu'il pleuve trop, qu'il fasse trop froid, que la sécheresse soit très importante... Cet aspect de défi m'inspire un très grand respect envers le producteur, qui trouve toujours des solutions pour y remédier. Et si ces solutions doivent passer par des aides du ministère, nous sommes toujours prêts à tendre la main aux agriculteurs. Cette collaboration existe depuis des décennies, mais je tiens à tirer un grand coup de chapeau aux agriculteurs, qui sont toujours face à cette problématique. 

Le Quotidien: Quel est l'état de santé actuel de l'agriculture luxembourgeoise et quelles craintes éventuelles suscitent les décisions prises par la Commission européenne concernant la politique agricole commune (PAC)? 

Romain Schneider: Je dirais que l'état de santé de l'agriculture nationale est bon, mais les agriculteurs se posent naturellement toujours des questions, que ce soit par rapport à la production ou aux effets du changement climatique, allant notamment dans le sens de la protection des ressources naturelles telles que l'eau ou le sol. À ce niveau se situent les grands défis évoqués. Lorsque je prends part à un Conseil européen à Bruxelles, je répète toujours à mes homologues ministres de l'Agriculture européens, et surtout au commissaire européen en charge de ce ressort, qu'il faut que l'agriculteur reste une personne qui travaille sur le terrain et non quelqu'un qui soit dans un bureau pour organiser les travaux administratifs. Je milite en faveur d'une simplification administrative effective, et ce, le plus rapidement possible. 

Le Quotidien: Le ministère - et par extension la foire agricole - participe également aux objectifs climatiques de réduction des émissions de CO2. En quel sens? 

Romain Schneider: Nous aidons les agriculteurs dans la fourniture d'herbe pour les animaux. De manière générale, il est essentiel que l'on conserve au Grand-Duché un assez grand pourcentage de notre surface agricole sous forme de prairies permanentes. Actuellement, il est d'environ 51 % et ce pourcentage inclut également la prairie du Deich, où se tient la foire agricole. 

Le Quotidien: Êtes-vous optimiste pour la récolte de cette année? 

Romain Schneider: On fera le bilan en septembre-octobre, mais je suis d'avis qu'il y a eu de bonnes périodes et beaucoup de pluie. Pour beaucoup d'espèces, la chaleur n'a pas d'impact négatif. 

Le Quotidien: Et en ce qui concerne plus spécifiquement la viticulture? 

Romain Schneider: Les viticulteurs ont connu un moment très difficile il y a quelques semaines, avec un gel très prononcé. Je vais me rendre prochainement à nouveau sur le terrain pour me rendre compte de l'évolution relative aux vignobles. 
Il faudra voir, au moment de la récolte et de la production, quelle sera l'ampleur des dégâts effectivement subis. Évidemment, après une superbe année 2018, on est dans une année 2019 qui ne peut que se révéler plus compliquée, mais j'espère que ce sera minimalisé.

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